Paris, le 12 septembre 2016

C’était l’événement du premier jour de la Fashion Week de New York, mais aussi et sûrement l’une des plus grosses blagues de la saison : le quatrième défilé Yeezy de Kanye West confirme bien une chose, si le chanteur n’est pas un dieu de mode c’est bien le roi de la buzz. 

Depuis mercredi dernier, la critique se déchaîne et le verdict est sans appel : le dernier show orchestré par le si perfectionniste Kanye West est un calvaire. Même avant le défilé, la présentation avait déjà un goût de scandale lorsque le rappeur poste sur Twitter une annonce de casting, précisant que seuls les mannequins « multiraciaux » seront retenus. Il n’en faut pas plus pour déclencher un véritable tollé sur la toile. Pourtant l’objectif est louable : l’enfant de Chicago cherche juste à rompre avec les chiffres de l’étude du site The Fashion Spot qui révèlent que 75,25% des mannequins, sur 312 défilés recensés, étaient blancs. Alors Kanye, mauvais orateur ou aficionados des scandales? Quoi qu’il en soit, rien de quoi inquiéter le chanteur ; lui qui est tant habitué aux bourdes et fourberies sur les réseaux sociaux. Pourtant c’était bien là le premier avertissement.  

Quelques jours plus tard, en révélant au dernier instant le lieu du show, en faisant attendre presque trois heures sous une assommante chaleur ses convives et en présentant une collection des plus attendues, Kanye West montre une nouvelle fois ses limites créatives. Aux vues des silhouettes on peut même rapprocher un grand nombre des looks et pièces à d’autres créateurs : Vêtements, Alexander Wang ou Shayne Oliver de Hood By Air peuvent être flattés, mais les critiques sont unanimes : il faut que Kanye arrête de se foutre du Monde. 

Encore une fois, le rappeur américain fait plus parler de lui pour sa maladresse que pour son savoir faire. Au début c’était mignon et un peu crédule mais à la longue un peu lassant. Alors décrier son travail oui, mais au final, si l’on regarde un peu plus en arrière, n’est-ce pas rentrer dans son jeu ? Dire que Kanye West est un pléonasme n’est pas mentir. Aussi mégalo soit-il, ce qu’il aime sûrement le plus dans le fond, ce n’est peut être pas la mode mais simplement le buzz qu’il suscite. Le décrier ou encore se moquer de lui c’est au final parler de lui et donc susciter un intérêt et une curiosité. Son fond de commerce est plutôt bien rodé, car au final qui ne s’est jamais moqué de lui ? et qui n’a jamais écouté l’une de ses musiques? Il est temps de se confesser... La conclusion est simple : "parler peu mais bien" il ne connait pas, lui il retient seulement que l’on parle de lui et l’ironie dans tout ça c’est qu’on le fait (encore) : la preuve.