Dans une atmosphère façon samedi soir, Glenn Martens impose l’esthétique ultra nineties, à la romance quelque peu trash et gothique qu’on a plaisir à retrouver depuis la reprise en main de Y/Project. Si le créateur flamand avait à l’époque une certaine hésitation à reprendre légitimement la succession de feu Yohan Serfaty, il est certain aujourd’hui que la prise de risque fut bonne. L’esthétique black, plutôt morose et fataliste des débuts laisse place à une marque plus ancrée dans son époque ; bien affranchie d’une industrie de la mode trop souvent frénétique.
De ce constat, la collection de l’hiver 2016 suit la même logique : le parti pris unisexe est toujours d’actualité, avec des silhouettes androgynes, et l’audace de l’esthétique ne s’est toujours pas calmée. Les asymétries se concentrent principalement sur les tops alors que les pantalons se font ultra-longs, pour un effet plissé, ou adoptent des boutons à pressions. Pièce forte du vestiaire, la chemise transparente aux incrustations de roses rouges souligne cette bivalence faite de cuir et de denim alors que les pantalons à chaps façon néo-cowboys ne peuvent renier leur imaginaire gay. Tous les basiques du vestiaire sont ainsi réinterprétés dans une logique très normcore 2.0 où la fonctionnalité du vêtement s’ambiance derrière une attitude grunchy.
Très underground, l’univers d’Y/Project ne cesse d’explorer le monde de la rue pour mieux en ressortir l’élixir du désir. La vision est jeune, l’excercice approfondi : Glenn Martens confirme la valeur montante de la scène française qu’il est, tout en offrant à la capitale française la vision d’une nouvelle génération.
On retiendra : les réinterprétations constantes et l'esprit street très 90's.
La pièce sublimatrice : la chemise transparente.