Paris Menswear Fashion Week : les essentiels partie 2
Par Perceval VINCENT
Paris, le 25 janvier 2017
Après 5 jours de défilés aussi intenses que surprenants et une première partie déjà dévoilée, le deuxième acte de la dernière fashion week masculine 100% parisienne se dévoile enfin, laissant apparaitre mastodonte de silhouettes et collaborations.
Junya Watanabe
En plein dans cette mouvance collaboratrice, Junya Watanabe célèbre à sa façon le streetwear en mettant en vedette la marque The North Face dans une panoplie de parkas enivrantes. Du chaud et du beau dans un vestiaire finalement aussi technique que confortable qui souligne tantôt les classiques jeans et chemises patchwork de la marque que la connivence croissante entre le monde du luxe et de la rue. Levi’s, Barbour, Kangol, Carhartt et d’autres se prêtent ainsi au jeu dans une volonté substantielle d'éliminer toute hiérarchie entre luxe et non luxe.
Occasion parfaite pour signer les 10 ans de sa marque, Juun.J plonge l’hiver 2017 dans les archives de la maison pour n’en faire ressortir que les meilleurs aspects. L’oversize reste donc légion et continue de nous convertir inlassablement aux volumes et ce jusqu’au sexe féminin, grande nouveauté de la saison. Ainsi ouvert sur plus de mixité, Jung Wookjun multiplie les trenchs surdimensionnés, les combinaisons en cuir, les maxi pulls et chemises démesurées pour nous accabler d’un modernisme bien androgyne.
Juun.J
Pour cette nouvelle saison, le trio créatif d’Etudes Studio semble engranger un nouveau tournant moins arty et plus sophistiqué. Avec une certaine nonchalance, les créateurs cherchent à dépeindre un quotidien magnifié où hommes et femmes déambulent entre esprit pyjama, pièces en velours côtelé, gros manteaux en jacquard et imprimés publicitaires. Une sorte de revival de notre quotidien entre amour du confort, besoin de réconfort et force de persuasion du tout à l’image.
Etudes Studio
Dior Homme
Après 10 ans à la tête de la direction artistique de Dior Homme, il est normal que Kris Van Assche ait envie de faire la mega teuf. Du coup, faute de mieux, il transforme l’hiver en véritable rave-party où ses boys avancent frénétiquement au son techno de la sono. Résultat, refusant de se résigner au déclin du costume, le créateur le shoote au streetwear dans des versions clairement plus contemporaines où les vestes ajustées s’affirment de contrastes avec des pantalons larges ou optent pour la dualité des couleurs dans des mélanges de noirs et de fluo. Aux tendances gothiques et new wave, Kris Van Assche s’imagine candy boy transformant par là même le "j’adore Dior" trop madame en "HarDior" plus bad boy. Tout est dit.
Sankuanz
Pour son premier défilé parisien, Shangguan Zhe opte pour l’apocalypse au lendemain de l’investiture de Donal Trump à la Maison Blanche. Un goût de noirceur qui s’anime pourtant d’idéalisme dans une collection tournée vers le futur. Tout en prenant en compte les problématiques actuelles comme le réchauffement climatique, l’hiver 2017 prend ainsi un parti pris scientifique pour aborder des uniformes militaires, des costumes de chimistes, et des doudounes XXL. L’ambition étant de communiquer de façon engagée, les silhouettes arborent fièrement des messages comme « Immigrant », « Natural Selection » ou encore « Pollution Visuelle » pour interpeller tout un chacun et convertir les gens à l’espoir.
Thom Browne
Toujours un peu perché, Thom Browne joue à nouveau la carte du véritable coup de théâtre et façonne son vestiaire dans une idée de triptyque créatif. Du brouillon aux proportions incomprises, le deuxième tableau décortique les silhouettes dans un patronage à plat avant de tout mettre en forme pour les derniers passages. Une forme d’allégorie du temps qui passe et offre à la création l’énergie nécessaire pour aboutir au bon résultat. En découle une myriade de costumes en tweed gris magistralement conçus mais terriblement répétitifs.
KENZO
Avec le froid polaire qui s’éternise actuellement sur Paris, Kenzo tape en plein dans le mille en offrant une collection tout droit inspirée du grand Nord. De quoi réchauffer les coeurs et l’esprit tant les doudounes, parkas et vestes de ski foisonnent dans des adaptations vitaminées de couleurs et saupoudrées d'effets psyché via des motifs à tire-larigot. Polaires à carreaux et doudounes oversizes deviennent ainsi des objets de survie dans une embellie de silhouettes masculines et féminines idéales pour séduire sous une nuit d'aurores boréales.