Thom Browne Fall Winter 2017
Par Perceval VINCENT
Paris, le 22 janvier 2017
En grand maitre du tayloring, l’américain Thom Browne décortique ses costumes, transformant l’hiver 2017 en véritable cours de modélisme.
Vilain petit canard noir de la Fashion Week, Thom Browne ne se soucie guère des dires et a priori de la mode. Loin des simples tendances, le créateur trace son chemin avec une certaine indifférence du milieu. Seule compte sa vision à l’élégance qui n’a d'égale qu’une certaine folie. Pour son hiver 2017, l’homme Browne donne donc, comme toujours, la part belle aux costumes et réinvente, dans un triptyque de personnages, leurs légendes.
Derrière une véritable profession de foi, les premiers mannequins pénètrent sur le catwalk dans une attitude passive, lente et glaçante. Perchés sur des plateformes façon derbys, ils avancent, toutes manches tombantes, avec lourdeur dans des costumes grisants d’une certaine dramaturgie. La lenteur des mannequins permet toutefois d’observer en détail les finitions pointilleuses de ces costumes à la signature boutonnée, avant que la seconde vague de modèles envahisse la piste.
Aux visages toujours très pâles et aux lèvres bien noires, les nouvelles silhouettes affectionnent toujours les chapeaux en laine mais décortiquent cette fois l’ensemble des looks façon anatomie d’une collection. Chaque morceau qui constitue une veste est ainsi plaqué façon 2D sur le corps. Les volumes s’absentent au profit d’un étalage de matière. Le patronage se révèle aux yeux de tous, exprimant la complexité de chacune des pièces. Véritable accumulation de tweed, la silhouette évolue. Les chemises s’assagissent, oubliant les longues manches et les chaussures prennent une forme plus traditionnelle. Puis, vient le final où chaque look se vit à trois. Le costume loufoque des débuts, puis la seconde ébauche aboutissent à ces dernières silhouettes terminées. Le costume prend ainsi tous ses galons d’honneur. Elégant mais toujours un peu froid dans cette marche grisâtre, le défilé joue sur l’évolution comme il fut un temps, pour la collection de l'hiver 2016 où Thom Browne explora l’usure du temps. Désormais aux antipodes, le créateur préfère l’optimisme créatif et sa progression face au temps.
On retiendra : le gris unique et les belles heures offerte aux costumes.
La pièce sublimatrice : si on répond le costume gris ça va?