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Les meilleurs coups politiques de la mode

Par Perceval VINCENT

Paris, le 14 mars 2017

Du mouvement punk au streatwear en passant par le pantalon féminin, la jupe pour homme où les T-shirts à messages d’aujourd’hui, la mode a toujours frappé le monde politique d’espoir massif. Retour sur ses meilleurs coups.

De façon historique, la mode a toujours été une réthorique de la politique. Domaines en constante évolution, où jamais rien n’est acquis, et qui évoluent en parallèle avec la société ; la mode habite la politique alors que la politique façonne la mode. Mais si il est certain de pouvoir dire que la mode reste plus politique que les politiques ne sont à la mode, il est sage de voir que les podiums sont une parfaite vitrine politique où l’engagement et les revendications se font fils de créations.

L’anticonformisme est dans la rue

Si la mode s’est souvent voulue comme LA référence en terme d’élégance, le conformisme ambiant des années 60-70 va vite s’ébranler face à la montée du chômage, à la fin des Trente Glorieuses et aux intempestives périodes de guerre que l’occident va connaître. Face au côté très aristocratique des podiums, le mouvement hippie voit le jour dans un amour continuel et infini de son prochain. Trop Peace and Love et pas assez dur pour une partie de la population, le mouvement punk prendra vite le flambeau d’un anticonformisme marqué par le refus de l’ordre établi à travers une mode vestimentaire et une musique conçues pour la provocation. Dans un Monde qui change et face à un marché en pleine modernisation, la mode s’engouffre dans la contestation pour mieux rayonner. Le laid d’hier sera le beau d’aujourd’hui n’en déplaise aux mégères. On passe ainsi de Woodstock à Westwood dans un mouvement que la créatrice aime résumer en confiant que : « les hippies ont politisé [m]sa génération, mais ce sont les punks qui ont gravé dans les jeunes consciences l’idée qu’il ne faut jamais faire confiance au gouvernement ».

Vivienne Westwood

Véritable révolutionnaire dans l’âme, Vivienne Westwood est l’icône même de l’engagement politique dans la mode. Aucune saison, ni collection n’est pas marquée par l’empreinte d’une bataille. Féministe et activiste, elle se bat sur tout les fronts, militant pour l’association de défense des droits des animaux (PETA), luttant pour la cause environnementale ou soutenant simplement l’indépendance de l’Ecosse. Ses créations sont ainsi un véritable outil de communication lui permettant de s’exprimer et d’engager les jeunes générations tout en véhiculant les causes qu’elle pense justes.

La Femme avec un grand « F »

Evidemment, Vivivenne Westwood n’est pas la seule à exploiter son engagement dans ses créations, biens d’autres créateurs ont pris position sur les grandes questions de leur temps. Parmi eux, Yves Saint Laurent ou Pierre Cardin, certes plus sages, ont suscité bien des controverses en imposant le smoking pantalon à la femme ou en optant pour une déferlante de mini-jupes sur les podiums. Deux modes antagonistes pour des symboles forts d’émancipation, voir de contestation que l’on retrouve aussi dans la mode masculine avec la démocratisation de la jupe pour homme signée Jean Paul Gaultier. Du message politique la mode aboutit ainsi à des créations devenant des armes d’appartenance sociale, professionnelle, culturelle ou ethnique.

Yves Saint Laurent

Pierre Cardin

La mode à un message

Et si aujourd’hui le pantalon est bien inscrit dans le dressing féminin (ce qui est moins sûr des jupes chez l’homme), et que le mouvement punk est plus discret, l’âge d’or de la rue n’en est pas pour autant terni avec la montée en puissance de la mouvance streetwear. T-shirts sérigraphiés, hoodies, casquettes et baskets, les pièces phares, véritables symboles d’appartenance au monde de la rue, fond aujourd’hui l’objet de toutes les convoitises. Et il n’y a qu'à regarder les dernières collaborations entre marques street et marques de luxe comme Suprême et Louis Vuitton par exemple ou l’engouement des campagnes politiques outre-atlantique pour le comprendre

@DullMagazine @Keffer_

L’exemple le plus frappant est sûrement de la casquette rouge ornée du slogan « MAKE AMERICA GREAT AGAIN » que Donald Trump a utilisé tout au long de sa campagne pour accéder à la Maison Blanche. Symbole de la politique xénophobe du candidat, cette casquette est devenue l’emblème de milliers d’Américains leur permettant d’afficher en toutes circonstances leur accord aux propos et idées du milliardaire le plus peroxydé de la terre. La casquette, pièce phare du vestiaire street, devient ainsi une arme politique. Mais à ce jeu de torchons, les contestataires et opposants n’ont pas dit leur dernier mot et ils ont bien compris que suite à l’élection tonitruante de Mister Trump, de simples T-shirts à messages valent mieux qu’un long discours. De Dior à Prabal Gurung en passant par Ashish ou encore Public School, quasiment toute l’industrie de la mode s’est faite écho de cette génération en déperdition qui, désenchantée, tente de se raccrocher à l’espoir des mots.

Dior

Prabal Gurung

Reflet souvent avant-gardiste de notre société, le milieu de la mode a toujours été lié, de près ou de loin, aux tumultes politiques, devenant la voie d’un contre pouvoir social, objet d’émancipation et de contre-culture.