Milan : faste (& not furious) à l’italienne
Par Perceval VINCENT
Paris, le 27 février 2017
Après une semaine dans une Grosse Pomme engagée, et une détour part la City créative et ses talents émergeants,la fashion week s’est arrêtée, le temps d’une centaine de défilés, à Milan pour dépeindre une course italienne effrénée aux rêves et à la liberté.
Gucci au pays des merveilles
Véritable remake de son amie Alice, la nouvelle collection de Gucci designée par Alessandre Michele fait la part belle aux rêves dans une continuité de styles allant de la renaissance aux seventies. Et pour l’occasion hommes et femmes plongent dans le même bain, dans un écrin aussi mystique que futuriste. Niveau prêt-à-porter féminin, la collection se veut rétro avec de longues jupes plissées et des robes de fée. C’est également le retour des couleurs et du fast avec des brocarts fleuris, dorures et perles. Le tailleur japonisant accessoirisé d’une ombrelle de soie ornée de l’écriture anarchiste de Coco Capitan, en collaboration sur la collection, frappe par son emprise punk autant que la soubrette au tablier naturaliste. Pour l’homme, les directives sont les mêmes dans des silhouettes loufoquement dandy, parfaites de longs manteaux brodés, de pulls « nature » et de touches disco-queen.
Missoni like a pussy
Temps fort de cette dernière fashion week, l’engagement du monde de la mode pour la liberté et le féminisme n’a jamais autant était présent qu’en ce moment sur les podiums. Après de multiples parenthèses à New York et Londres, c’est Angela Missoni qui fait figure de proue à Milan. Après avoir présenté une collection à la rigueur colorée de tartan et motifs chers à la griffe italienne, les mannequins n’ont eu de cesse de porter l’emblème de la Marche des femmes en apparaissant coiffées d’un bonnet rose à oreille de chat nommé « pussy hat ». Une marque d’engagement qui aura de quoi faire réagir outre-atlantique.
Prada fatale
Imprégnée comme à son habitude d'une véritable mouvance féministe, Mucia Prada confirme son amour de la femme en lui offrant une liberté bien assumée. Véritable garçonne des années 70, la femme Prada de l’hiver 2017 se pavane ainsi derrière un soupçon de libération sexuelle, soutien-gorge en mohair rebrodé pour twin-set à l’appui. Sans tomber dans une vision hippie, la créatrice fait d’avantage la part belle aux années folles avec une vague de plumes, perles et touches strassées. Façon dolce vita, les jupes crayons et perfectos plus cools se multiplent alors que le costume en velours côtelé s’emprunte in extremis au vestiaire masculin.
Mochino : moche mais in, no?
Trublion de la mode, Jeremy Scott fait à nouveau carton plein avec une collection pour le moins atypique. En véritable rat des villes, le créateur américain fait du consumérisme actuel son fond de commerce et réutilise la propagation de détritus qui en découle comme matière première. C’est donc sur un lit de carton que les modèles défilent dans un patchwork de déchets et couvercles de poubelle sur la tête. Non sans humour le créateur interpelle par l'attitude outrancière et irrévérencieuse de ses silhouettes tout en laissant une certaine légèreté s'imprégner. Voir Kendall Jenner en robe carton vaut ainsi le détour pour une saison simplement fondée sur le principe du "recycler c’est créer".
Angel Chen, la bonne surprise
Créateur d’origine Chinoise connu pour appartenir à la "bande des six" (selon le Women’s Wear Daily), Angel Chen profite de la Fashion Week milanaise pour traduire toute la modernité de sa tribu. Au style très street, la collection navigue d’un continent à l’autre afin de mieux les relier et raconte une épopée stylistique d’une jeunesse ultra connectée. Entre motifs tribaux, allure australienne et denim japonais, le vivre ensemble renaît dans ce qu’il a de meilleur. En découle des pièces phares allant d’un sweat aux couleurs poudrées, a de multiples parkas graphiques en référence à Basquiat et à des pantalons divers allant du jean aux joggings. Une diversité aux résonances musicales dont les looks célèbrent l’art de la rue.