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Et si les femmes s'emparaient des marques françaises?

Par Perceval VINCENT

Paris, le 17 mars 2017

C’est officiel : avec la nomination de Clara Waight Keller à la tête de la direction artistique de la maison Givenchy la mode devient bel et bien une histoire de femme.

De départs en nominations, le jeu des chaises musicales est un véritable sport collectif dans le milieu de la mode. Et il faut croire, aux vues des annonces récentes, que les femmes ont tendances à tirer leur épingle du jeu en s’emparant, les unes après les autres, des marques iconiques de la place française. Après le départ surprise, en octobre 2015, d’Alber Elbaz de la direction artistique de Lanvin, Bouchra Jarrar devient la nouvelle directrice de la maison donnant le signal aux maisons de ce retour en force de la gente féminine. Moins d’un an après, Dior remplace Raf Simons par Maria Grazia Chiuri donnant à la mythique maison française un vent de féminisme en nommant ainsi, pour la première fois de son histoire, une femme à la tête de ses plus hautes instances créatives. Véritable raz de marée, cette nomination et l’engagement envers les femmes de la première collection de la créatrice sont salués comme un élément de modernité. Alors oui, si de nombreuses femmes occupent, de façon brillante, des postes similaires dans d’autres maisons de renom comme Nadège Vanhee-Cybulski chez Hermès, Rei Kawakubo chez Comme des Garçons ou encore Julie de Libran chez Sonia Rykiel, un certain plafond de verre leur interdisait encore un grand nombre de maisons parmi les plus célèbres du Monde. Mais ça c’était avant.

Preuve en est que l’engouement féminin du Monde de la mode continue de faire des heureuses, l’annonce récente de la nomination de Clara Waight Keller à la tête de la direction artistique de Givenchy est encore une fois une première dans l’histoire de la maison. Anciennement en poste chez Chloé, Clara Waight Keller devient ainsi la deuxième femme à s’emparer de la direction artistique d’une marque du groupe LVMH contredisant l’étude du site The Business of Fashion (2016) qui mettait en avant le pourcentage assez faible de femmes à la tête des postes clefs des maisons défilant durant les Fashion Week de Londres, Milan, New York, et Paris. Avec seulement 37% de femmes à la tête des directions artistiques, la capitale française apparaissait ainsi comme un mauvais élève. En 2015, elles étaient moins de 25% à diriger les plus grandes marques de mode. Et la tendance est encore pire dans les grands groupes de luxe. Avant la nomination de Maria Grazia Chiuri chez Dior, le groupe LVMH ne contait que trois marques dirigées par des femmes avec Phoebe Philo chez Céline, Carol Lim chez Kenzo et Florence Torrens chez Thomas Pink. Du côté de son adversaire historique, le score n’est pas plus glorieux puisque le groupe Kering ne compte que deux directrices artistiques avec Stella McCartney et Sarah Burton pour Alexander McQueen. Restant positif on se dit qu'il y a donc encore de l'avenir.

Alors si pour des raisons souvent sociales il est encore marginal de voir des femmes à ces postes, l’engagement de ces pionnières dans cet exercice d’égalité fait acte et implique petit à petit un changement. Les nominations récentes de Bouchra Jarrar, Maria Grazia Chiuri ou Clara Waight Keller sont donc des signes encourageants d’un mouvement en marche et d’une égalité (en devenir) enfin assumée. « Même si l’industrie est encore dominée par les hommes, de plus en plus de créatrices accèdent aux postes clés. C’est une excellente nouvelle », se réjouit ainsi la styliste Mary Katrantzou.